Si jamais Carlos Alcaraz se demandait ce que cela pouvait faire de jouer contre lui-même, maintenant il sait. Car face au surprenant Hongrois Fabian Marozsan (23 ans, 135e), l’Espagnol a joué comme face à un miroir. Il y avait des coups droits en forme de fulguropoing, des retours lâchés à 150 km/h, des amorties dans un timing exemplaire et une couverture parfaite, mais tout cela était l’oeuvre de Marozsan. Le Hongrois, issu des qualifications, donnait l’impression de maîtriser son « Tennis selon Alcaraz » encore mieux que l’auteur du livre.
Bousculé dès les premiers échanges, Alcaraz concédait un break blanc sur un nouveau coup droit destructeur (3-1). Incapable de trouver la clef du jeu adverse, il ne pouvait que jeter des regards désabusés vers sa box où Juan Carlos Ferrero n’arborait pas le sourire des grands jours. Celui qui sera n°1 mondial à la publication du prochain classement ATP tentait bien de toucher le revers de son adversaire, coup sur lequel il était visiblement moins solide, mais en cherchant la longueur, l’Espagnol partait bien trop souvent à la faute. Le gain du premier set par Marozsan était tout à fait logique tant il avait survolé cette manche initiale. La question était de savoir si l’état de grâce allait durer.
Marozsan renverse le tie-break
Pendant quelques jeux, ce fut le cas. Prenant de vitesse à l’échange l’actuel n°2 mondial, Marozsan prenait une nouvelle fois le service d’Alcaraz pour mener 4-3. La terre n’était pas loin de trembler à Rome. Mais Alcaraz a la gagne chevillée au corps. Il débreakait dans la foulée et son hurlement au terme du jeu n’aurait pas été différent s’il avait gagné le match à ce moment. Il en était pourtant loin. S’il donnait un peu plus, Marozsan ne relâchait pas pour autant son emprise. Toujours décidé à priver de temps de réaction un joueur dont c’est justement la punition qu’il aime infliger à ses adversaires, le Hongrois poussait Alcaraz à un jeu décisif.
L’Espagnol s’y détachait rapidement 4-1 et on pouvait penser qu’il était en train de renverser la situation. Mais Marozsan remportait les six points suivant pour signer un exploit majuscule en terre romaine. En huitièmes, il n’aura aucun complexe à nourrir face à Borna Coric, tête de série n°15. Alcaraz, lui, va devoir digérer la frustration et se concentrer sur Roland-Garros où il sera tête de série n°1.