« Quelles émotions avez-vous ressenties aujourd’hui ?
Ça fait quelques mois que Gilles (Moretton, le président de la Fédé) et Amélie (Mauresmo) m’ont parlé de ce qu’ils voulaient faire. J’étais dans mon autre vie au Cameroun donc c’était loin, puis ça s’est précisé. Et hier (vendredi) en atterrissant avant d’assister à la projection d’un film (sur son titre en 1983), j’ai réalisé ce qui se passait et j’ai eu une forte émotion. Dans ce film, les sept qui ont joué contre moi parlent. C’est chouette qu’après 40 ans, ils viennent parler d’une défaite (sourire). Aujourd’hui (samedi), entrer sur le Central, c’est quelque chose à laquelle je suis habitué mais, pour un concert, j’étais un petit peu anxieux. Ça s’est tout de suite dissipé. C’est cool que ça se fasse, je suis très honoré.
Mats Wilander, celui que vous avez battu en finale en 1983, est monté sur scène avec vous pour une chanson…
Pour nous les lumières du tennis se sont éteintes depuis 30 ans. Ce qui reste, c’est l’amitié. Notre blague entre nous c’est que les gens ici le connaissent parce qu’il a perdu contre moi alors qu’il a gagné le tournoi trois fois. Une fois, le speaker l’a présenté comme ça, en disant qu’il était le finaliste de Roland-Garros 1983. On en rigole mais lui reste le mec le plus humble et cool de l’histoire. C’est le seul à avoir refait jouer une balle de match (en demi-finales de Roland-Garros 1982, édition qu’il a remportée), moi je l’aurais piqué ce point et on l’aurait tous piqué.
« Quand je vais casser ma pipe, ce seront les images qu’on montrera en ouverture du journal »
Quelle place a ce 5 juin 1983 dans votre coeur ?
À part la naissance de mes enfants, c’est le plus beau jour de ma vie. Je suis plein de gratitude d’avoir le film du plus beau jour de ma vie. À chaque fois que je vois ces images, ça me procure une émotion très forte. Je suis certain que, quand je vais casser ma pipe, ce seront les images qu’on montrera en ouverture du journal. Mais ce sera juste. Ceux de ma génération se souviennent d’où ils étaient ce jour-là. Je le dis avec modestie. Ça m’émeut. Il y a ceux qui ont raté leurs examens à cause de moi. C’est un jour qui a compté.
Vous êtes arrivé pieds nus sur le court, ça vous a fait quel effet ?
Le Central c’est vraiment le meilleur court de terre battue du monde. Tu marches comme si c’était du velours, il n’y a aucun stress. Tu vas sur un autre, il y a toujours des petits cailloux. Il y a quelques années, on s’est fait un gueuleton aux frais de la Fédé avec des amis (rires). On est descendu sur le court après et j’avais joué pieds nus et réalisé que je pouvais glisser sans me détruire les pieds. Je ne savais pas si je prenais mes chaussures mais j’ai décidé de le faire comme sur scène, pieds nus. »